JMP04 Message de Nicole Guedj

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Journées Mémoires du Plateau

Message de Nicole Guedj

Secrétaire d'Etat aux Droits des victimes

Monsieur l’Ambassadeur,
Monsieur le Commissaire Européen
Monsieur le Maire,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

A l’heure où l’on célèbre partout en France le 60ème anniversaire du débarquement et du début des opérations ayant mené à la libération de la France, je suis particulièrement sensible à ce que l’on se rappelle, aussi, la conduite admirable d’un certain nombre de nos concitoyens civils, alors que les pages noires de l’histoire de notre pays n’étaient pas encore tournées.

J’aurais aimé être parmi vous aujourd’hui pour partager votre émotion et votre plaisir de vous retrouver ensemble, plus d’un demi-siècle après les faits.

Malheureusement, d’autres activités ministérielles impérieuses ne l’ont pas permis et je voulais vous dire mes regrets de ne pas être au Chambon aujourd’hui.

Ce qui s’est passé ici mérite plus que l’hommage de la simple communauté Juive, il mérite l’hommage de la communauté nationale toute entière !

Je sais à quel point les habitants du plateau n’ont que le sentiment d’avoir œuvré comme tous auraient pu le faire.
Pourtant, comme les autres, ils avaient le choix. Celui de détourner le regard, de fermer les yeux, de passer leur chemin. Et ils ont choisi d’emprunter les sentiers périlleux de l’insoumission et de l’illégalité, pour sauver l’autre, le semblable, le Juif pourchassé.

Alors que les manifestations antisémites reprennent une certaine vigueur en France, il faut, plus que jamais, rappeler ce que doit être notre attitude face à ces relents d’un autre âge.

A ce titre, la conduite des habitants du Chambon mérite d’être citée en exemple comme le reflet d’un héroïsme ordinaire …

Un héroïsme ordinaire effectivement, car, partout en France, pendant ces années d’oppression, des Français, chrétiens ou athées en ont aidé d’autres, juifs, au mépris de leur propre sécurité ou de celle de leur famille.

S’il est vrai qu'un quart des Juifs de France a péri dans les camps de la mort, il faut dire aussi que les trois quart ont été sauvés.

Comme l’a rappelé récemment Simone Veil, c’est en France que le pourcentage d’enfants juifs sauvés fut le plus important, grâce à des hommes et des femmes qui ont souvent choisi de rester dans l’ombre … et qui parfois ont payé leur engagement du prix du sang.

Mais ce qui est vrai aussi, c’est que nulle part ailleurs qu’au Chambon cet héroïsme ordinaire n’a été aussi "extraordinaire" en raison de l’implication totale de toute une population.

L’honneur de la France, il n’était pas seulement, pendant ces heures sombres, dans les sables de la Libye, dans les maquis du Vercors ou de la Bretagne, à Londres ou à Koufra !

L’honneur de la France, il était aussi dans les actes de ces centaines de « Justes », ces combattants sans armes qui ont ouvert leurs portes et leurs cœurs, aux persécutés.

La mémoire de ces actes, qui sont autant de poussières d’étoiles de la Fraternité, scintillent toujours, partout dans l’Hexagone.

Il nous appartient de continuer à les faire briller, à entretenir ces feux sacrés, et de faire en sorte qu’ils soient autant de contre-feux à la montée des extrémismes et des haines.

L’histoire du sauvetage des juifs est un message « d’humanisme et d’esprit » selon l’historien Lucien Lazare.

Ce message, il s’inscrit dans la lutte pour nos valeurs, pour la Liberté, pour l’Egalité et pour la Fraternité.

Ce combat n’est jamais achevé.

Il nécessite une attention constante et une vigilance de tous les instants.

Il se livre, aujourd’hui comme hier, avec « les armes de l’esprit ».

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